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Article du 6 Décember 2022


Une route difficile vers l’Europe, une vie encore plus dure en France

Très souvent, la situation vécue en France par les migrantes ajoute un traumatisme à ces femmes qui ont été victimes de violences pendant leur voyage vers leur pays d’accueil.

Selon les travailleurs sociaux du Centre Primo Levi, les femmes migrantes victimes de violences sexuelles pendant leur exil ne bénéficient pas de services sociaux à leur arrivée en France. Cette absence de prise en charge aggraverais donc leur traumatisme. Dans le même temps, le système d’asile français peine à prendre en compte ce qu’elles ont subi durant leur parcours migratoire.

A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, vendredi 25 novembre, l’association a détaillé dans un rapport une tendance qu’elle observe depuis dix ans : les femmes migrantes s’engagent de plus en plus seules “sur les chemins brutaux de l’exil”, et subissent un “continuum de violences”, dans leur pays d’origine, sur le chemin de l’exil, puis à leur arrivée en France.

Selon Maxime Guimberteau, responsable de la communication et du plaidoyer au Centre Primo-Levi, ces femmes sont touchées par une violence continue qui commence souvent dans le pays d’origine avec des cas de torture, de viols, de violences conjugales, de mutilations sexuelles et de mariages forcés. Dans l’interview qu’il a accordée à InfoMigrants, il affirme que « ces violences pendant le voyage sont mentionnées lors de l’entretien avec l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), mais elles ne sont pas prises en compte dans la demande d’asile, c’est-à-dire qu’elles n’ont aucun poids dans la décision de l’Ofpra ». Il ajoute que « ne pas prendre en compte ces violences, c’est aussi oublier que ces femmes sont affectées lors de l’entretien par ce qu’elles ont subi. Lorsqu’elles se présentent devant l’administration française, elles arrivent chargées de traumatismes, ce qui altère leur capacité à parler devant les agents de l’Ofpra. Les psychologues nous disent qu’un des symptômes affectant les victimes de violences sexuelles est le silence ».

Ainsi, les femmes migrantes vivent un double traumatisme qui a un impact extrêmement négatif sur leur intégration dans leur pays d’accueil.

Références :  

InfoMigrants

Article du 23 Septembre 2022


Genre et emploi des migrants à Chypre

Le nombre d’immigrants employés à Chypre en 2021 a atteint 180 344, ce qui correspond à 28,8 % de la main-d’œuvre totale de Chypre, selon le service statistique de Chypre. En ce qui concerne le statut d’emploi, 67,8% des immigrants, dont 62% de femmes et 74,4% d’hommes. En outre, 64,4% étaient enregistrés comme chômeurs ; parmi ces 64,4%, 5,4% étaient des femmes et 7,7% des hommes. 

Trimikliniotis et Dmetriou ont écrit un article faisant référence aux femmes migrantes et à leur employabilité. Au cours des dernières années, on a pu observer davantage de littérature sur la main-d’œuvre migrante et la migration à Chypre en référence au genre également. Ainsi, il semble que le sujet ait commencé à considérer de plus en plus les questions relatives aux hiérarchies sur le marché du travail, aux différences entre les sexes en matière d’emploi, à la discrimination et à l’exploitation de diverses catégories et groupes sociaux, aux facteurs géographiques et aux spécificités de chaque sexe. 

D’une manière générale, la position des femmes sur le marché du travail, conformément au cadre législatif pour l’égalité des sexes, révèle un sérieux écart entre les sexes, les femmes ayant un taux d’emploi et des salaires inférieurs. Les femmes sont surreprésentées dans les emplois peu qualifiés, et certains indicateurs montrent qu’elles occupent un nombre important d’emplois dans l’économie clandestine (illégale). La dernière catégorie comprend le grand nombre de travailleuses migrantes employées dans ce que l’on appelle ” l’industrie du sexe ” ainsi que de nombreux migrants employés dans le secteur domestique ; en tant que travailleurs domestiques. 

On peut noter que, d’après l’article écrit par Trimikliniotis et Demetriou, en référence à d’autres études similaires, la plus grande augmentation de l’emploi était liée aux ménages privés qui employaient du personnel domestique et était due à l’augmentation continue des migrants employés comme travailleurs domestiques.

En conclusion, il est noté que même s’il s’agit d’une question de discours public ou de violation des droits de l’homme et de l’emploi des travailleurs domestiques ou d’une question générale d’appartenance et de participation des femmes migrantes à la vie civique, l’exclusion des femmes migrantes de l’emploi et le racisme à l’égard des femmes migrantes sont des questions préoccupantes qui soulèvent leurs propres particularités.

Références :  

https://www.cystat.gov.cy/en/default

https://cyprus.prio.org/Publications/Publication/?x=96

Article du 16 Septembre 2022


Un livre qui reflète la réalité…

L’un des livres qui a suscité mon intérêt pendant mes années d’université est le livre ”Crossing Borders and Shifting Boundaries : Vol. I : Gender on the Move”.

Ce livre présente des hommes et des femmes migrants en mouvement aujourd’hui, explorant la modification des schémas migratoires et leurs conséquences dans différentes parties du monde.  Les continuités historiques sont soulignées dans le livre tout en montrant comment les moyens contemporains de franchir l’espace et le temps sont encadrés par de nouvelles opportunités, ou par l’absence de ces opportunités, toutes liées au processus de mondialisation. Ce cadrage est sexué, car la migration sexuée ouvre la voie à une analyse intersectionnelle plus poussée. L’ouvrage présente les principaux thèmes de la mondialisation et des processus migratoires dans une perspective sexospécifique, en décrivant des études de cas sur les processus migratoires internes et internationaux. Le livre apporte également une contribution importante à la question de l’autonomisation et de l’agence qui évolue à partir des expériences des femmes migrantes. 

Plus précisément, le chapitre intitulé “Skilled migrant women and citizenship” (femmes migrantes qualifiées et citoyenneté) traite des expériences des femmes migrantes qualifiées sur le marché du travail et de la manière dont elles sont liées aux questions de citoyenneté. Le chapitre présente deux études de cas de femmes migrantes d’origine turque, où sont évoqués les obstacles rencontrés pour faire reconnaître leurs compétences en Grande-Bretagne et en Allemagne. Alors que les études de cas présentées se concentrent sur la manière dont les personnes interrogées, lors de leurs entretiens d’embauche, ont réussi à surmonter ces difficultés, l’auteur examine les ressources qu’elles mobilisent pour réaliser leurs compétences et accéder à un marché du travail qualifié et met ainsi en évidence l’agence des femmes. 

L’auteur conclut en affirmant que les catégories de migrants qualifiés et non qualifiés sont des constructions genrées, et que les stéréotypes racistes contribuent à la construction sociale de ces catégories. Ainsi, la même femme peut être classée, à différents moments de son histoire migratoire, comme une sans-papiers, une migrante non qualifiée ou peu qualifiée. Cette catégorisation des femmes migrantes ne tient souvent pas compte de leurs compétences factuelles ou de leurs expériences professionnelles. Ainsi, les catégories qui sont utilisées pour contrôler la migration et l’accès des migrants au marché du travail devraient être déconstruites. L’auteur tire ces conclusions à travers une description détaillée des femmes migrantes et de leurs processus d’entretien d’embauche. 

Dans l’ensemble, les études de cas montrent comment la formation de la catégorisation des femmes migrantes se fait à travers un large éventail de relations sociales, affectant les domaines de travail et la professionnalisation. En conclusion, il est suggéré que l’inclusion des expériences des femmes migrantes peut améliorer la compréhension théorique globale des effets sexués de la citoyenneté. 

Références :  
Morokvašić, M., Morokvašić, M., Erel, U., & Shinozaki, K. (2003). Crossing Borders and Shifting Boundaries.

Article du 28 Août 2022


La numérisation des services d’intégration des migrants pendant la pandémie de COVID-19

EWSI (European Web Site on Integration) a analysé l’adaptation des services d’aide à l’intégration des migrants dans les pays de l’UE pendant la pandémie de COVID-19, en examinant si les services existants ont été numérisés ou non, si de nouveaux services en ligne ont été lancés, et les obstacles que les ressortissants de pays tiers rencontrent pour accéder à ces services numérisés.

Voici quelques-unes des principales conclusions de cette analyse :

  • Avant l’épidémie de COVID-19, des services en ligne destinés aux pays tiers existaient dans 24 des 27 pays de l’UE.
  • L’épidémie de COVID-19 et les restrictions qui en ont découlé ont entraîné la numérisation totale ou partielle des services existants ou le développement de nouveaux services numériques pour les migrants dans les 27 pays de l’UE.
  • Les services éducatifs, en particulier les cours de langue, les services sociaux et les services de santé sont les types de services les plus susceptibles d’être transférés en ligne dans tous les pays.
  • 14 des 27 pays de l’UE ont adapté les services de soins de santé à leur prestation en ligne dans une certaine mesure, notamment par la mise à disposition en ligne d’informations sur la prévention du COVID-19 – telles que des vidéos et des tutoriels – dans des langues pertinentes pour les populations migrantes.
  • D’autres initiatives menées par la société civile ont été contraintes de fermer en raison des réductions de financement liées à COVID-19 ou n’ont pas été en mesure de fournir aux bénéficiaires la technologie dont ils avaient besoin pour accéder aux services nouvellement numérisés.
  • L’accès au numérique reste particulièrement difficile pour les ressortissants de pays tiers récemment arrivés et d’autres groupes de migrants plus vulnérables. Les principaux obstacles à l’accès aux services d’aide en ligne sont le manque de connexion à l’internet, le manque de technologie, les barrières linguistiques, le manque de cartes d’identité électroniques, le manque de compétences numériques et le manque de temps et d’espace à la maison.
  • 13 pays de l’UE ont débloqué des fonds publics pour la numérisation depuis l’épidémie de COVID-19.
  • La promotion de l’inclusion numérique est une tâche importante dans les pays de l’UE.

Vous pouvez en savoir plus sur cette analyse sur le site de la Commission européenne (source ci-dessous).

Source

Article du 11 Août 2022


Lancement du profil de compétences de l’UE pour les migrants et les réfugiés

Un outil concret appelé ” Outil de profilage des compétences de l’UE pour les ressortissants de pays
tiers” a été lancé par la DG EMPL en coopération avec la DG HOME, après l’adoption du plan d’action
de la Commission européenne sur l’intégration des ressortissants de pays tiers en juin 2016. L’outil
couvrira l’ensemble de l’UE, et il permettra aux *ressortissants de pays tiers de présenter leurs
compétences, leurs qualifications et leurs expériences d’une manière cohérente et claire que les
employeurs et les prestataires de services éducatifs et les organisations de migrants comprendront.
L’outil “Profil de compétences de l’UE pour les migrants” se compose de 4 sections:

1 – Informations personnelles du migrant/réfugié concerné.
2 – Attentes telles que l’apprentissage de la langue, les cours d’intégration, la recherche d’un emploi
ou d’un travail indépendant.
3 – Identification des compétences : compétences linguistiques, compétences professionnelles,
compétences numériques, compétences générales, etc.
4 – Évaluation globale et recommandations pour les prochaines étapes (conseillées et complétées
par l’établissement d’enseignement ou l’agence pour l’emploi concernés).

Le Comité syndical européen de l’éducation (CSEE) considère que l’outil est utile aux services de
l’emploi nationaux/régionaux, aux établissements d’enseignement et aux autres acteurs pour
identifier et évaluer les aptitudes et les compétences des migrants. Cependant, l’outil semble
identifier les compétences en se basant uniquement sur les informations fournies par le
migrant/réfugié concerné, sans preuve ni document pour soutenir l’évaluation et la reconnaissance
de ces compétences et qualifications (par exemple, les certificats pertinents). Il n’est donc pas
certain que les employeurs et les établissements d’enseignement utiliseront les informations
fournies, et le CSEE souligne que cet outil ne peut aider les migrants que s’il est effectivement
appliqué dans la pratique.


Références

Article du 11 Juillet 2022


LES FEMMES MIGRANTES EN FRANCE ET LES DIFFÉRENTS SECTEURS D’ACTIVITÉ

Alors que le nombre de femmes migrantes augmente dans nos pays, il devient de plus en plus important d’étudier les profils et les besoins de ces femmes. L’année dernière, l’OCDE a publié l’édition 2021 du rapport Perspectives des migrations 2021, qui étudie les tendances et les évolutions récentes des mouvements migratoires et de l’inclusion des migrants dans le monde du travail. Dans ce rapport, l’OCDE montre que les femmes immigrées sont majoritaires dans plusieurs pays de l’OCDE : elles représentent 51,9% en France, 52,1% des résidents immigrés au Royaume-Uni, 52,4% au Canada, 51,3% aux États-Unis et 53,7% en Italie. En revanche, en Allemagne et en Suède, ils représentent respectivement 49,4% et 49,6% de la population immigrée.

En France, ces données montrent qu’un nombre croissant de femmes s’y installent et que cette tendance n’est pas près de s’arrêter. Cependant, les mesures prises jusqu’à présent pour encourager l’emploi et la vie active sont insuffisantes. Leur taux d’activité reste inférieur à celui des hommes immigrés. En 2020, le taux d’activité de l’ensemble de la population était de 54,5% (58,8% pour les hommes et 50,6% pour les femmes). Alors que le taux d’activité des femmes non immigrées est de 51%, il tombe à 47,7% pour les femmes immigrées.

En ce qui concerne les secteurs d’emploi, en France, 19% des femmes immigrées travaillent dans le secteur de la santé humaine et de l’action sociale, contre seulement 5% des hommes immigrés. Elles sont moins présentes dans les autres secteurs, comme les transports, la construction, l’agriculture ou l’industrie. Cependant, comme les hommes immigrés, elles représentent 22% dans l’hébergement, les travaux administratifs, la restauration et les services de soutien (contre 9% pour l’ensemble des femmes françaises). En outre, autre donnée importante, 11% des femmes immigrées travaillent comme employées de maison.

Si l’on observe les tendances, étant donné qu’elles passeront plus d’années à apprendre le français, à travailler et à vivre en France, les femmes immigrées pourraient occuper des emplois plus gratifiants et travailler plus fréquemment dans les domaines de la santé humaine, du travail social, de l’administration publique et de l’éducation. Selon l’étude, 14% de l’emploi des femmes immigrées qui sont en France depuis moins de huit ans, contre 21% de l’emploi de celles qui sont arrivées depuis plus de 16 ans.

Références
OECD
Musée de l’histoire de l’immigration

Article du 24 Juin 2022


Comprendre l’humour britannique

L’une des caractéristiques de l’humour britannique est de savoir quand et où ils choisissent de plaisanter. Les Britanniques ne semblent pas avoir un grand concept de “temps et de lieu”, et leur pessimisme les amène à faire de l’humour même dans les situations les plus sombres. Il n’y a pas de mal à rire des mauvaises notes d’une personne, à se moquer de son séjour à l’hôpital ou à rire des gens qui tombent. Presque rien n’est interdit aux Britanniques lorsqu’ils font des blagues.

Donc, si vous vous aventurez au Royaume-Uni pour voyager, étudier ou acquérir de l’expérience, faites attention à ces aspects de la comédie britannique. Placez-vous devant un miroir et entraînez-vous à adopter une expression pince sans rire (paraître sérieux alors que vous ne l’êtes pas), à choisir de voir le côté drôle et à ne pas vous prendre trop au sérieux. Une fois que vous aurez compris l’humour, il vous sera facile de vous glisser dans la vie britannique !

Sarcasme et ironie

Un Britannique dira souvent le contraire de ce qu’il pense pour faire rire quelqu’un. S’il pleut dehors, par exemple, ils diront joyeusement : “Quel beau temps nous avons !”. Des séries télévisées britanniques incontournables comme Blackadder et Fawlty Towers sont fondées sur ce principe, et il existe de nombreux “faux journaux satiriques” et sites web qui se consacrent à la présentation de la vie quotidienne britannique sous un angle sarcastique et ironique.

  • « Vous semblez très joyeux ce matin M. Fawlty »
  • « Oui, un de nos invités vient juste de mourir »

Blagues sur la vie quotidienne

Les Britanniques apprécient le côté drôle de la vie quotidienne. Ils peuvent transformer des situations normales et banales en blagues. Les humoristes de “stand up” comme Jimmy Carr sont des experts de ce type d’humour. Ils prennent des activités quotidiennes et les rendent drôles en utilisant des jeux de mots ou de l’ironie. Il existe également plusieurs séries télévisées britanniques modernes, comme “Outnumbered”, où il n’y a pas “d’action ou de drame” et où l’accent est mis sur les normes de la vie quotidienne ; ici, l’humain est subtil mais facilement racontable, car vous vous connectez à ce qui se passe. Les personnages sont comme des personnes que l’on rencontre tous les jours, faisant des choses drôles, stupides ou embarrassantes. La puissance de cet humour réside en partie dans la prestation du comédien ou du personnage. C’est souvent dit dans un style impassible, avec un manque d’émotion. Cela contraste avec l’absurdité de ce qui vient d’être dit. Cela peut être brutal, ironique ou sembler complètement imprévu, ce qui le rend d’autant plus drôle.

Plaisanterie et taquinerie

Vous verrez ça en vrai sur le lieu de travail et dans des situations sociales comme au pub, lorsque des amis se réunissent. Ce type d’humour peut être difficile à décoder et repose en particulier sur des blagues privées “internes”, généralement des références à des conversations antérieures, des contextes culturels ou des jeux de mots. Pour comprendre comment cela fonctionne, regardez les personnages de Smithy et Gavin dans la comédie “Gavin & Stacey”, ou l’interaction entre les deux personnages masculins Mark et Jez dans “Peep Show”.

Références

Article du 10 juin 2022

Mr. Bean: “L’humour britannique et son influence sur les compétences communicatives des femmes migrantes”.

Mr. Bean est une série britannique de sketches comiques qui a été diffusée pour la première fois en 1990. Jouée et écrite par l’acteur Rowan Atkinson, la série suit un homme d’âge moyen hilarant, appelé Mr. Bean, qui tente de résoudre des problèmes liés à des tâches quotidiennes et banales. L’élément humoristique provient de la manière non conventionnelle dont il choisit de mener à bien ces activités quotidiennes, ce qui est fortement souligné par ses actions physiques, son langage corporel et ses expressions faciales, car il s’agit principalement d’un personnage mutique (Pelplinksi, 2015).

Cette série comique peut facilement résonner chez de nombreuses personnes, qu’elles soient de langue maternelle anglaise ou non, car c’est un personnage muet (Wood, 2015). Par conséquent, une grande partie de l’humour peut être transmise de manière universelle. Cependant, Cybreco (2021) souligne que Mr Bean ne correspond pas bien à l’analyse du genre médiatique ; même l’introduction est censée le dépeindre comme un étranger et donc isolé de la société. Néanmoins, ce sont ces mêmes défis auxquels M. Bean est confronté qui font écho à l’intégration des migrants. Les migrants, en raison des barrières linguistiques, entre autres facteurs, peuvent avoir du mal à s’intégrer. Ces difficultés font que les tâches quotidiennes deviennent ardues et difficiles ; une situation dans laquelle se trouve M. Bean, mais décrite de manière satirique. Une autre similitude entre les migrants et M. Bean est l’éventuelle barrière de la langue. M. Bean parle à peine et sa personnalité résonne donc comme un individu qui n’est pas en mesure de s’exprimer pleinement, ce qui donne lieu à divers actes humoristiques. De même, les femmes réfugiées peuvent s’identifier à M. Bean car elles aussi peuvent voir leur routine quotidienne entravée par une mauvaise communication (Simcox, 2021). Sans se moquer intentionnellement de leurs malheurs, M. Bean a la possibilité de donner confiance aux femmes réfugiées en démontrant qu’elles sont loin d’être un cas isolé, car de nombreux migrants luttent pour prendre pied dans la société. 

En outre, en termes de processus de communication pour les femmes migrantes, l’humour britannique peut être considéré comme très intrusif et offensant pour certaines cultures. Cela peut être encore plus accentué pour certains réfugiés qui ne sont pas autorisés à s’exprimer pleinement en raison de contraintes religieuses ou d’attitudes culturelles. Par conséquent, l’humour britannique peut émettre des situations très gênantes et dérangeantes (English with Lucy, 2019). Cependant, M. Bean, qui est essentiellement silencieux, aide le spectateur à comprendre les éléments fondamentaux de l’humour britannique, à savoir l’ironie, l’autodérision et les sous-entendus, tout en atténuant les tons durs et les dialectes qui peuvent sembler déplaisants pour les non-anglophones. Bradford (2022) souligne que regarder Mr. Bean permet inconsciemment d’interpréter l’humour britannique d’une manière qui n’est pas offensante et d’améliorer ses compétences en anglais tout en riant des sketches comiques. En fait, Atkinson voulait s’assurer que tous les épisodes de Mr. Bean puissent être regardés et compris sans aucune traduction. 

En conclusion, si Mr. Bean peut être dépeint comme un sketch comique simpliste, c’est sa simplicité qui le rend attrayant pour un public universel. Le personnage, bien que moqué et ridiculisé pour des actions comiques, gagne la compassion et l’affection des communautés de réfugiés car le sketch dépeint leurs luttes parallèles d’une manière comique qui les concerne plutôt que de les attaquer. En outre, Mr. Bean sert de “tremplin” aux réfugiés pour comprendre les aspects de l’humour britannique tout en évitant la nature directe et éventuellement offensante de son origine. Par conséquent, la série est décrite comme étant légère tout en évoquant les éléments de l’humour britannique afin de permettre une meilleure compréhension de la langue anglaise qui est essentielle dans un environnement de travail.   

Références:

Article du 24 mai 2022

L’importance de la façon dont nous communiquons et avec qui nous communiquons

Plus de la moitié des mouvements migratoires qui ont lieu dans le monde sont effectués par des femmes ; cependant, l’image que l’on construit des immigrants continue d’être généralement masculine. Cela est dû en grande partie à l’influence de la communication, dans la construction de ladite image ; ce qui influence également la perception que nous avons de la nationalité des immigrants de chaque pays.

Si nous examinons les pays d’origine de l’immigration en Espagne, par exemple, nous pouvons constater qu’ils ont changé de manière très significative au cours des dernières décennies : alors qu’en 1998, les trois nationalités dominantes étaient les Marocains (190 497), les Français (143 023) et les Allemands (115 395), en 2011, il y a eu un changement important, les trois principales nationalités étrangères étant les Roumains (809 409), les Marocains (766 187) et les Équatoriens (478 894). En 2021, les trois principales nationalités étrangères seraient les Marocains (775 936), les Roumains (658 773) et les Britanniques (313 984).

Cela nous amène à l’un des aspects les plus importants de la gestion des immigrants : la communication. Au niveau gouvernemental et social, il est nécessaire d’établir des canaux de communication correctement adaptés au contexte (guerres, famine, recherche d’une vie meilleure, trafic d’êtres humains, etc.), au sexe et à la nationalité – entre autres – car il est crucial de s’adapter aux besoins que l’immigrant peut avoir. Par exemple, la façon dont vous interagissez, verbalement et physiquement, avec des personnes de cultures différentes nécessite souvent de faire attention à certaines nuances, nuances qui augmentent en cas de contact avec des personnes qui peuvent souffrir de conditions telles que le syndrome de stress post-traumatique (SSPT). De même, la situation est très différente si nous avons affaire à des immigrants qui viennent dans notre pays de pays ayant une culture et un niveau de vie similaires ; nous devons donc communiquer efficacement avec des personnes d’autres cultures.

C’est pourquoi nous devons travailler au développement d’une communication efficace en tant qu’outil d’inclusion au niveau social, en développant des moyens d’échange mutuel qui nous permettent d’interagir avec toutes sortes de personnes.

Références:

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33516421/

https://www.physiopedia.com/Effective_Communication_for_Displaced_Persons

https://repositori.upf.edu/handle/10230/23656

http://www.revistaeic.eu/index.php/raeic/article/view/27

Article du 3 mai 2022

Quand fuir la guerre comporte aussi des risques

Diverses organisations humanitaires mettent en garde contre le risque que des femmes réfugiées ukrainiennes soient capturées par des réseaux de trafiquants à des fins d’exploitation sexuelle, un problème qui s’est aggravé avec le début du conflit armé.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui fait partie des Nations unies (ONU), a identifié et aidé un peu plus de 1 000 victimes ukrainiennes de la traite en 2021. Après l’invasion russe, cette organisation a prévenu que les personnes qui s’échappent du pays, en particulier les femmes, courent un risque accru d’être victimes de la traite. Ainsi, la traite des femmes ukrainiennes inquiète des organisations comme le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui souligne qu'”elles ont besoin d’être protégées contre la violence sexiste, les abus et l’exploitation sexuelle.”

Les réseaux de trafiquants sont notoirement actifs en Ukraine et dans les pays voisins en temps de paix. Le brouillard de la guerre est une couverture parfaite pour accroître les affaires.

Karolina Wierzbińska, coordinatrice chez Homo Faber, une organisation de défense des droits de l’homme basée à Lublin, a souligné que les enfants constituaient une énorme préoccupation.

“De nombreux jeunes quittaient l’Ukraine sans être accompagnés. Les processus d’enregistrement disparates en Pologne et dans d’autres régions frontalières – surtout au début de la guerre – ont entraîné la disparition d’enfants, dont on ne sait pas où ils se trouvent actuellement”.

D’autre part, le président de la Generalitat de Catalogne, Pere Aragonès, et la ministre de l’Égalité et du Féminisme Tània Verge se sont réunis avec des représentants de la Croix-Rouge en Catalogne, qui depuis le début de la guerre ont pris en charge 13 642 personnes en provenance d’Ukraine. Après cette rencontre, le gouvernement a mis en garde contre des cas de tentative de trafic de réfugiés ukrainiens dans la communauté, comme l’a signalé Tània Verge, lors d’une cérémonie organisée au siège de la Croix-Rouge à Barcelone.

Références:

https://www.lavanguardia.com/vida/20220331/8165298/ucrania-mujeres-refugiadas-trata-guerra.html

https://www.newtral.es/trafico-mujeres-ucranianas-redes-trata/20220326/

https://www.bbc.com/news/world-europe-60891801

Article du 18 avril 2022

L’expression artistique : la voie à suivre!

Les réfugiées et les femmes migrantes qui fuient un pays, arrivent dans une communauté d’accueil et luttent quotidiennement pour leur survie dans un effort constant pour reconstruire leur vie. Elles cherchent désespérément un emploi afin de pouvoir recevoir un revenu et avoir la possibilité de vivre dans de meilleures conditions dans le pays d’accueil. Les femmes bien éduquées, dotées de compétences et de connaissances ont tendance à accepter tout emploi proposé. En conséquence, leurs compétences et leurs connaissances ne sont pas valorisées par la communauté d’accueil et elles sont souvent considérées et traitées comme des personnes sous-développées et marginalisées dans la société d’accueil. Il en résulte une compromission générale de ces femmes pour avoir la chance de s’impliquer et de participer au marché du travail qui offre des choix d’emploi limités à ces femmes du seul fait qu’elles sont étiquetées comme “migrantes/réfugiées”. Par conséquent, les femmes qualifiées ou peu qualifiées et celles éduquées ou peu éduquées n’ont pas d’autre choix que d’accepter n’importe quel type d’emploi proposé. 

Leurs rêves, leurs idées, leurs passions et leurs désirs, associés à toutes sortes de compétences, de connaissances et d’expériences, sont marginalisés et ne sont vus, compris et traités que comme des “autres” subordonnés. Par conséquent, pour beaucoup de femmes, le travail décent est un rêve lointain, car elles sont marginalisées, mal payées, mal protégées, sans contrat signé, victimes d’abus, de harcèlement sexuel, etc., comme l’indique également la note de synthèse de l’OIT [Education, formation et compétences : les travailleuses migrantes dans l’ANASE].

Cette aliénation générale des femmes migrantes et réfugiées entraîne le développement de perceptions négatives à leur égard. Il est intéressant de noter qu’une étude de 2018 a exploré les expériences des femmes migrantes et réfugiées (dans la région australienne), tout en partageant ces expériences par le biais d’expositions d’art communautaires. Grâce à l’art et au dessin, les femmes ont pu partager leurs histoires, leurs expériences, apprendre à se connaître et enseigner de nouvelles compétences à d’autres femmes. De plus, le fait que les femmes utilisent leurs compétences existantes, en acquièrent de nouvelles et gagnent en confiance les a encouragées à explorer une autre voie dans le secteur du travail en vendant leurs œuvres sur divers marchés locaux et dans des boutiques pop-up. Par exemple, une femme s’est fait connaître dans la communauté au sens large pour ses excellentes compétences en matière d’habillage et a réussi à créer sa propre entreprise. De telles initiatives donnent des opportunités et de l’espoir aux femmes et représentent une voie d’avenir pour les migrantes et les réfugiées qui n’avaient auparavant aucune possibilité d’emploi.

De telles pratiques rendent les femmes migrantes et réfugiées visibles, par le biais d’une célébration de la culture, permettent l’acceptation, l’inclusion et, de manière générale, mettent en lumière leurs histoires individuelles, leurs compétences, leurs connaissances et leurs rêves à travers l’art expressif. L’art peut créer une rencontre significative et personnelle avec des personnes de pays différents et des personnes du pays d’accueil, promouvoir l’empathie et inciter à l’action sociale pour l’inclusion. L’art peut être utilisé pour rapprocher les communautés et permettre une installation et une inclusion réussies. Plus important encore, il s’agit d’un moyen de permettre aux femmes migrantes et réfugiées d’avoir des compétences variées et de s’épanouir dans une communauté et dans le secteur de l’emploi, tout en changeant les perceptions négatives sur les femmes migrantes et réfugiées.

Donnez une chance aux femmes migrantes et réfugiées, laissez l’art parler, laissez-les montrer leurs compétences et leurs connaissances au monde entier, élargissez la participation des femmes migrantes et réfugiées au secteur du travail!

Références:

https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—asia/—ro-bangkok/documents/publication/wcms_463861.pdf

https://josi.org.au/articles/abstract/10.36251/josi.138/

https://theconversation.com/its-given-me-love-connecting-women-from-refugee-backgrounds-with-communities-through-art-167786

Article du 11 avril 2022

Les travailleuses domestiques à Chypre ; “elle” la travailleuse domestique

La plupart des travailleurs domestiques migrants qui vivent et travaillent à Chypre sont des femmes dont le but ultime et le souhait sont d’améliorer leur niveau de vie et celui de leur famille.

Un rapport publié par l’Université UCLan de Chypre porte sur le statut des travailleurs domestiques étrangers à Chypre. L’auteur de ce rapport, Nasia Hadjigeorgiou, professeur assistant en justice transitionnelle et droits de l’homme à UCLan Chypre, a identifié et présenté une série de facteurs qui se conjuguent et aggravent la vulnérabilité de ces femmes. Ces facteurs sont les suivants : leur race, leurs besoins financiers importants, leur statut de migrantes, le fait de faire un travail essentiel mais d’être mal payées, le fait de travailler seules, ce qui a un impact sur leur socialisation, ainsi que le fait de travailler plus que ce que prévoit leur contrat, sans être payées en plus.

Dans l’ensemble, le rapport met l’accent sur les droits humains de ces femmes, avec une collecte de données très détaillées sur l’exploitation globale du travail de ces femmes.

Le principal facteur de vulnérabilité est leur sexe ; leur sexe, combiné aux autres facteurs déjà identifiés, augmente encore le sentiment de peur et la tendance à ne pas faire confiance aux autorités, car elles craignent de perdre leur emploi et de compromettre leur statut juridique ou professionnel dans le pays. Tous ces facteurs et le fait qu’elles soient des femmes les obligent à rester en marge de la société d’accueil.

D’autre part, des exceptions peuvent également être identifiées, car toutes les femmes migrantes et réfugiées à Chypre ne sont pas des travailleuses domestiques. L’exemple publié par le HCR Chypre parle de Luna, une réfugiée syrienne qui a fui son pays par la force et a réussi à terminer ses études, inscrite à un programme de mentorat pour l’autonomisation des femmes. Luna est aujourd’hui une mère qui travaille, qui gère sa propre chaîne de projet sur YouTube et qui est également bénévole. Luna, en tant que femme réfugiée vivant à Chypre, est un exemple qui brise les stéréotypes sur le travail que les femmes migrantes à Chypre “devraient” faire. Malheureusement, Luna reste une minorité à Chypre tout en laissant une étincelle d’espoir pour briser les stéréotypes sur les femmes migrantes et réfugiées.

Références:

http://www.ombudsman.gov.cy/ombudsman/ombudsman.nsf/All/2358C433C1A0F629C2258646002B79DA/$file/Domestic%20workers%20.pdf?OpenElement 

https://blogs.lse.ac.uk/greeceatlse/2021/02/26/foreign-domestic-workers-in-cyprus-the-unseen-impact-of-the-frozen-conflict/ 

https://www.unhcr.org/cy/2021/03/08/lama-a-scientist-a-mother-and-a-syrian-refugee/

Article du 21 mars 2022

Plus de 40 % des femmes migrantes en Finlande ont un niveau d’éducation élevé.

Selon l’association du marché du travail STTK, plus de 40 % des femmes migrantes en Finlande ont un diplôme de l’enseignement supérieur, mais seulement la moitié d’entre elles sont impliquées dans la vie professionnelle. Cela signifie qu’elles pourraient constituer une ressource importante sur le marché de l’emploi, et qu’il serait utile de mieux relier les activités d’intégration à l’emploi.

Les formations d’intégration pourraient être plus directement liées aux emplois et les périodes de stage devraient être beaucoup plus longues, car elles sont actuellement très courtes, déclare Marisel Soto Godoy du centre d’intégration Monika. Les femmes migrantes sont également orientées vers des emplois centrés sur les femmes, comme la santé et les affaires sociales. Élever une famille constitue également un défi pour l’emploi des femmes migrantes – les taux d’emploi des femmes migrantes sans enfants sont nettement plus élevés. De nombreuses Finlandaises ont un emploi existant qu’elles reprennent après avoir eu un enfant, alors que les femmes migrantes n’ont pas forcément cette possibilité et il est beaucoup plus difficile de trouver un emploi lorsque les enfants sont plus âgés.

Sur le marché du travail finlandais, de nombreux domaines souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre et il semble étrange que, dans le même temps, il soit difficile pour les femmes migrantes de trouver un emploi. Selon Soto Godoy, il faudrait remédier à cette situation en reconnaissant et en utilisant les compétences des femmes migrantes sur le marché du travail finlandais.

Références:

https://yle.fi/uutiset/3-12348131

https://yle.fi/uutiset/3-11167817

Article du 11 mars 2022

Comment les activités de loisirs peuvent-elles favoriser l’intégration des réfugiés et des demandeurs d’asile ?

Une étude publiée par l’université de Bournemouth examine comment les loisirs et l’activité physique, comme la danse et la musique, peuvent jouer un rôle important dans la vie des demandeurs d’asile. Selon le Dr Nicola De Martini Ugolotti :

“Les migrants forcés sont souvent marginalisés et considérés comme un problème à résoudre ou à gérer, ou au mieux comme des objets d’interventions charitables. Ils peuvent être considérés comme une menace ou comme des victimes. L’une des implications de cette situation, mise en évidence par mes recherches, est qu’être un réfugié signifie être coincé dans cette étiquette de victime ou de “faux” réfugié, et il est très difficile d’en échapper.”

Le Dr De Martini Ugolotti a observé qu’à la suite de l’étude, les participants ont commencé à créer leurs propres clubs de loisirs. Malgré les difficultés telles que l’argent et la disponibilité des lieux, ces projets démontrent le dévouement et la persévérance de certains membres du groupe à préserver les espaces, les moments et les traditions qui étaient importants dans leurs aspirations à faire de Bristol et de la Grande-Bretagne leur foyer. Le Dr De Martini Ugolotti continue à travailler avec eux et avec les organisations caritatives du projet pour aider et soutenir ces organisations.

De même, un autre chercheur de l’université de Sheffield a noté que pour les réfugiés qui manquent de ressources et souffrent des effets d’événements traumatiques, un espace de loisirs abordable et accessible peut être extrêmement bénéfique pour leur bien-être. L’utilisation de tels espaces pour la relaxation et les loisirs, ainsi que pour l’exercice, la socialisation et le jeu, peut aider les réfugiés à renforcer leurs liens avec leurs communautés d’accueil et à acquérir une meilleure conscience spatiale des villes dans lesquelles ils vivent.

Références:

https://www.bournemouth.ac.uk/research/bournemouth-research-chronicle/research-chronicle-2019/importance-leisure-activities-among-refugees-forced-migrantshttps://eprints.whiterose.ac.uk/161216/1/Women%20refugees%2C%20leisure%20space%20and%20the%20city.pdf

Article du 4 mars 2022

Taux de chômage élevé chez les femmes migrantes en Finlande

En Finlande, comme dans de nombreuses régions d’Europe, le taux de chômage est élevé chez les femmes d’origine étrangère. Seulement un peu plus de la moitié des femmes migrantes ont un emploi. La position de ces femmes sur le marché du travail est actuellement médiocre en Finlande, même parmi les groupes de migrants qui ont un bon niveau d’éducation et de bonnes compétences linguistiques.

Selon une étude du ministère finlandais des affaires économiques et de l’emploi, le taux d’emploi des femmes d’origine étrangère en Finlande était de 55 % en 2020, alors qu’il était de 72 % pour les femmes d’origine finlandaise. En revanche, le taux d’emploi des hommes d’origine étrangère était assez élevé (70 %), proche de celui des hommes d’origine finlandaise.

Le taux d’emploi des femmes migrantes s’améliore au fur et à mesure de leur séjour en Finlande. Toutefois, il n’atteint pas le niveau des femmes finlandaises même après 15 ans. Pour les hommes migrants, la situation est généralement proche du niveau des hommes finlandais après environ 3 ans en Finlande.

Marisel Soto Godoy, de l’association de femmes migrantes Monika-Naiset, suggère comme méthodes pour améliorer l’intégration des femmes migrantes en Finlande d’avoir plus de formations d’intégration sur les lieux de travail plutôt que dans des salles de classe, où les femmes apprendraient la langue tout en travaillant. Il serait également important de commencer à étudier plus rapidement, notamment les études de langues. Certaines méthodes, telles qu’une aide salariale pour l’employeur, pourraient encourager les employeurs à voir le potentiel et à embaucher davantage de femmes migrantes.

Références

https://yle.fi/uutiset/3-11167817

https://tem.fi/en/-/maahanmuuttajien-onnistunut-kotoutuminen-on-monen-tekijan-summa

Article du 28 février 2022

L’expression orale et écrite : un obstacle supplémentaire sur la route des migrants à l’emploi

Quand vous cherchez un travail en France, l’un des critères déterminants pour se démarquer des candidats et la maîtrise de l’expression aussi bien à l’écrit qu’à l’oral. Une fois la langue maîtrisée, les migrants qui viennent en France doivent également faire face à une difficulté supplémentaire : la complexité de son orthographe. En effet, contrairement à la plupart des langues latines (espagnol, italien, roumain), le français n’est pas une langue phonétique. En d’autres termes, cela signifie que savoir comment se prononce un mot en français ne permet pas de savoir comment il s’écrit. L’orthographe qui a en effet été conçue par la bourgeoisie au XIXᵉ siècle a ainsi été rendu intentionnellement difficile et les Français eux-mêmes souffrent parfois de sa complexité, car elle est utilisée comme un outil de sélection sociale. Une enquête Ipsos, auprès du 2.500 employeurs a ainsi montré que 80 % des recruteurs sont prêts à écarter un candidat lorsqu’il commet des fautes d’orthographe dans son CV ou sa lettre de motivation. Ceci est un obstacle supplémentaire pour les migrants à la recherche d’un travail qualifié. Pour quelqu’un n’ayant pas fait son éducation dans le système français, maîtriser l’orthographe demande en effet du temps et un investissement supplémentaire. Cette forme d’exclusion s’ajoute à d’autres obstacles sur le chemin de l’emploi : discrimination par le nom, l’adresse, la couleur de peau ou les stigmates associés à une nationalité. En plus de l’orthographe, un fort accent dans la prononciation du français peut également être vu négativement et il n’est pas rare que des blagues stigmatisantes rabaissent un migrant à sa condition d’étranger. Les idées qu’il exprimera dans un français correct pourront ainsi être prises moins au sérieux par ses supérieurs seulement, car il les transmet avec un fort accent. La barrière de la langue peut ainsi impacter un migrant durant toute sa carrière professionnelle, même s’il fait tous les efforts possibles pour s’intégrer. Il ne faut donc pas laisser de côté l’intersectionnalité des phénomènes sociaux lorsqu’on analyse les difficultés des migrants à trouver un emploi. Les formations linguistiques sont nécessaires, mais elles doivent également s’accompagner d’une réflexion plus profonde sur nos propres mécanismes sociaux concernant les critères à appliquer en cas de recrutement ou de promotion.

Références:

https://www.lalsace.fr/social/2021/10/25/quels-sont-les-criteres-redhibitoires-a-l-embauche

https://www.ted.com/talks/arnaud_hoedt_jerome_piron_la_faute_de_l_orthographe?language=fr

https://www.franceinter.fr/economie/trop-de-fautes-d-orthographe-au-travail-la-maitrise-du-francais-devient-un-critere-de-recrutementhttps://www.francebleu.fr/infos/societe/fautes-d-orthographe-au-travail-un-critere-scrute-par-les-employeurs-pour-recruter-1635143936

Article du 24 février 2022

Coexister là où on ne veut pas de vous

L’arrivée croissante d’immigrants pose de nouveaux défis à la société que nous connaissons. Il est indéniable que l’immigration contribue à la culture d’un pays, le transformant en un creuset de traditions, de langues et de coutumes. Ceux qui arrivent, munis de contrats de travail ou, dans le pire des cas, dans des conditions inhumaines et sans papiers, viennent de différents pays et appartiennent à des cultures ou des groupes ethniques très divers, avec parfois des coutumes extrêmement éloignées de celles du pays d’accueil. 

Si l’on prend du recul, on constate que les politiques d’immigration sur le continent européen sont passées par plusieurs étapes. Au cours des années 70, les États qui avaient besoin de recruter des immigrants ont mis en place des politiques propices à leur arrivée. Cependant, après la crise économique de 1973, les pays qui avaient jusqu’alors favorisé l’immigration de travail ont changé d’approche et ont essayé de l’arrêter avec des lois restrictives qui rendaient l’entrée régulière des travailleurs énormément difficile. De cette façon, les possibilités d’embauche et d’entrée légale des immigrants de travail se réduisent véritablement, ce qui leur laisse dans de nombreux cas la voie irrégulière comme seule option d’entrée possible, avec la situation de vulnérabilité et d’exploitation qui en découle pour eux.

Dans cette situation d’irrégularité, les épreuves subies par les femmes immigrées, qui finissent par entrer en Europe, en proie à la traite des êtres humains, se distinguent. Selon les données collectées par le Conseil de l’Europe, il prévient qu’entre 2015 et 2018, l’augmentation des victimes de la traite a augmenté de 44% avec 15 310 victimes en 2018, contre 10 598 au cours des 3 années précédentes.

Références:

https://www.corteidh.or.cr/tablas/r38208.pdf

https://rm.coe.int/9th-general-report-on-the-activities-of-greta-covering-the-period-from/16809e128b

Article du 14 janvier 2022

Les causes en bref de la faible compétence de communication des femmes migrantes

Comme l’ont expliqué les articles précédents du projet CoCoFe, les inconvénients liés à une faible maîtrise de l’anglais sont complexes et nombreux. En même temps, il est évident que les incapacités d’apprentissage de la langue chez les migrants ne sont pas un problème rare. Pourquoi, alors, ne trouvons-nous pas chez les migrants un plus grand degré de compétence communicative ?  Nous avons étudié les effets des lacunes linguistiques (en anglais), alors, de manière un peu à rebours, voici (certaines) des causes que nous avons pu identifier.

Naturellement, il y a la série habituelle de facteurs, allant de la vulnérabilité économique au racisme/xénophobie, en passant par le manque d’expérience ou l’absence de reconnaissance des qualifications dans le pays d’accueil – autant de facteurs que nous avons déjà examinés. Pour les femmes migrantes en particulier, ces facteurs sont souvent exacerbés par la nature des pratiques migratoires des femmes par rapport à celles des hommes. S’il existe une diversité non négligeable dans la proportion d’hommes et de femmes entrant dans le pays pour y travailler, il existe cependant une disparité entre les sexes (beaucoup plus de femmes) pour les migrants entrant dans le cadre des politiques de regroupement familial. Il est donc important de prendre en compte les facteurs affectant les femmes migrantes en particulier et notamment celles qui ont des exigences familiales lourdes.

Si je suis sûre que la plupart des migrants sauteraient sur l’occasion de mieux consacrer leur temps, en toute sécurité financière, temporelle et sociale, à l’apprentissage de l’anglais jusqu’à un niveau d’expérience suffisant, pour la plupart, ce n’est pas si simple. Pour les femmes migrantes, il est d’autant plus important que tout programme espérant améliorer leurs capacités linguistiques tienne compte de leurs autres engagements, en prévoyant des horaires et des conditions d’accessibilité flexibles. En effet, les recherches ont montré que la principale raison de l’échec des politiques visant à résoudre ce problème est exactement cela : un manque de flexibilité. Sur la base de ces considérations, le succès des futurs programmes est indéniablement plus prometteur.

Références:

https://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.606.9090&rep=rep1&type=pdf

https://www.theguardian.com/media/mind-your-language/2016/sep/09/we-need-to-be-careful-about-demanding-migrants-speak-english

Article du 5 janvier 2022

Les femmes migrantes aux temps du covid-19Article du 13 décembre 2021

En règle générale, les situations qui engendrent un certain niveau de préjudice ou qui introduisent un scénario dans lequel un groupe spécifique doit endurer des difficultés exceptionnelles, si les femmes sont une sous-section de ce groupe, on peut affirmer avec confiance que ces femmes seront affectées de manière disproportionnée. En raison de l’écart existant entre la vie des hommes et celle des femmes, qui se manifeste généralement par des différences dans les normes de genre, les trajectoires professionnelles, les responsabilités familiales et le rôle dans la famille, les programmes qui créent des difficultés supplémentaires ne font qu’exacerber les obstacles auxquels les femmes sont confrontées. Ceci nous amène aux circonstances dans lesquelles les migrants britanniques se retrouvent dans la pandémie actuelle.

Tout d’abord, les secteurs dans lesquels la plus grande partie des femmes migrantes sont employées se sont avérés être les plus touchés par les mesures de verrouillage mises en place face au covid-19 – des secteurs comme le nettoyage, le travail domestique, l’hôtellerie et la garde d’enfants. Compte tenu notamment de la précarité de l’emploi dont souffre déjà une fraction disproportionnée de femmes migrantes, qui se traduit par des contrats à durée indéterminée, des postes à faible rémunération et à faible temps de travail, des emplois indépendants, etc.

Comme si un emploi soudain et inattendu ne suffisait pas à mettre en danger leur stabilité, le visa de nombreux migrants et, de surcroît, leur indépendance, trouvent un travail nécessaire à la poursuite de leur existence confortable. Considérée comme une violation de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme, la politique britannique de “non-recours aux fonds publics” (NRPF) permet de refuser les services de base, y compris les services financiers et médicaux comme le Universal Credit ou le NHS, aux migrants jugés “non méritants” (sans emploi). Il n’est donc pas surprenant que les femmes migrantes laissées sans emploi soient confrontées à d’autres répercussions qui les condamnent inévitablement. Cela est d’autant plus pertinent si l’on considère le cas des femmes migrantes sans papiers (qu’elles soient déjà vulnérables et se voient refuser l’asile, qu’elles fassent l’objet d’un trafic ou qu’elles soient soumises à d’autres formes de travail ou d’exploitation sexuelle), qui ont souvent davantage besoin de ces services pour pouvoir s’échapper.

En ce qui concerne les facteurs mentionnés précédemment, qui présentent pour les femmes une situation sensiblement différente de celle des hommes, les femmes migrantes sont plus susceptibles que leurs homologues masculins d’être à la charge d’autres immigrants. Ce que cela signifie pour leur statut juridique, c’est que pour continuer à vivre au Royaume-Uni, elles sont obligées de rester dans cette relation. Si l’on ajoute à cela d’autres facteurs qui rendent les femmes plus susceptibles d’être victimes d’abus relationnels que les hommes, cela signifie que les femmes migrantes sont trop souvent négligées par les politiques qui limitent les recours légaux des migrants et la stabilité de leur emploi/résidence. D’un autre côté, si une femme migrante choisit de ne pas se retrouver dans le dénuement parce qu’elle a quitté une relation, elle est plus vulnérable à la coercition, aux abus, au contrôle ou à la violence physique, qui sont tous des problèmes en soi, sans être aggravés par le système de migration du Royaume-Uni.

Il est évident que le système migratoire britannique est mal conçu ; personne n’en est plus conscient que les femmes migrantes. Il est d’une importance vitale que des programmes soient mis en place pour répondre aux besoins des migrants et des femmes, et le plus tôt sera le mieux.

Références:

https://wbg.org.uk/wp-content/uploads/2021/03/Covid-19-and-economic-challenges-for-migrant-women.pdf

Article du 24 novembre 2021

LES OBSTACLES À L’INTÉGRATION DES FEMMES RÉFUGIÉES ET MIGRANTES FORCÉES EN ESPAGNE.

En tant que femmes, les réfugiées sont plus exposées au danger et à la discrimination que les réfugiés masculins. C’est pour cette raison que beaucoup d’entre elles se retrouvent dans des situations de violence, de trafic d’êtres humains et de mariages arrangés. En fait, selon les rapports du HCR pour l’année dernière, cela est vrai pour la moitié des 82,4 millions de personnes déplacées dans le monde. Cependant, les ressources allouées pour répondre aux besoins et aux circonstances spécifiques des femmes et des filles sont insuffisantes. Outre cette réalité, les femmes ont moins de chances dans les domaines de l’accès aux soins de santé, de l’emploi et de l’accès aux permis de séjour légaux. 

En outre, avec le déclenchement de la pandémie mondiale, le processus d’inclusion des personnes migrantes, et plus particulièrement celui des réfugiés et des demandeurs d’asile, a été fortement perturbé et continue de s’aggraver à mesure que la pandémie s’étend. 

S’il est vrai que l’Espagne a essayé de s’adapter aux nouveaux besoins et d’agir rapidement, il s’agissait de mesures conçues à la hâte où tout devait être construit à partir de zéro. À cet égard, certaines actions telles que la prolongation des permis de séjour ou le moratoire sur les dates d’expiration des documents administratifs méritent d’être soulignées. Mais malgré ces exemples de bonnes pratiques, la situation d’urgence a affecté et rendu plus difficiles leurs conditions, par rapport à la population générale, en termes d’employabilité, d’accès au logement et de couverture des besoins de base, ainsi que la prise en charge psychosociale dont cette population a besoin. L’isolement social et technologique complique encore leur situation, en creusant le fossé numérique, surtout pour les femmes. 

Il convient de mentionner l’élaboration du Plan stratégique pour 2022-2025 par l’ONU Femmes qui cherche à atteindre les Objectifs de développement durable avant 2030. Ce plan prévoit des mesures telles que la mobilisation d’une action urgente et soutenue en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles. Lors de l’évaluation de la mise en œuvre de ces mesures, il convient d’analyser comment elles contribuent à lutter contre les défis et les difficultés auxquels les femmes migrantes et réfugiées sont confrontées :

  • L’accès aux services sociaux et de sécurité, car les femmes sont confrontées à une plus grande discrimination, à la violence sexuelle et à la discrimination de genre. 
  • L’accès à l’information, aux registres et à la citoyenneté. Elles rencontrent généralement plus d’obstacles lors des demandes d’asile et de citoyenneté.
  • L’accès aux opportunités économiques. Les femmes réfugiées et migrantes forcées partent d’une situation désavantageuse en termes d’éducation et de possibilités d’emploi.   

Article du 18 novembre 2021

En 2018, selon un rapport du Conseil de l’Europe, les femmes représentaient 51,8% des nouveaux arrivants en France, pourtant elles semblent invisibles dans les médias.

Selon Margaux Bornet et Léonie Samel, réalisatrices du documentaire La France en vrai, elles restent en retrait pour des raisons culturelles parfois, et pour des raisons de sécurité principalement. C’est pour cette raison qu’ils ont décidé de tourner ce documentaire vidéo sur les mères en exil en explorant des sujets liés à la réconciliation de l’exil et de la maternité.  

Selon les lignes directrices publiées par le Conseil de l’Europe dans un rapport intitulé “Protéger les droits des femmes et des filles migrantes, réfugiées et demandeuses d’asile” : De nombreuses femmes et filles ont été et sont victimes de formes graves de violence fondée sur le genre dans les lieux d’hébergement, d’accueil et de détention en Europe. Les mesures sensibles au genre pour lutter contre cette violence, y compris les services de police, les refuges, les conseils et les programmes de prévention sensibles au genre, font cruellement défaut. On constate également un manque d’installations sanitaires, d’espaces séparés selon le genre et de lieux sûrs. En 2017, l’association GSF (Gynécologie sans frontières) a révélé dans “le journal des femmes” que 70% des femmes migrantes avaient subi des violences, morales, physiques ou sexuelles. GSF est une organisation non gouvernementale dont l’objectif est d’aider les femmes en situation de précarité à travers le monde où leur développement, leur dignité et leur santé sont négligés, menacés ou niés.

Les CADA (Centres d’Accueil pour Demandeurs d’Asile) offrent aux demandeurs d’asile un lieu d’hébergement pendant l’étude de leur demande de statut de réfugié. Cet accueil comprend un hébergement, mais aussi un accompagnement administratif (aide à la procédure de demande d’asile), un accompagnement social (accès aux soins, scolarisation des enfants, etc.) et une aide financière à l’alimentation. Les CADA sont généralement gérés par des associations ou des entreprises. Il existe plus de 300 CADA en France, dont 22 dans la région de Calais. 

Il est temps de mettre les droits des femmes et des mères au premier plan des actions d’aide aux migrants, car elles sont avec leurs enfants les protagonistes les plus vulnérables et pourtant les moins pris en charge de la crise migratoire. 

Référence:
https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/emissions/documentaires-qui-sommes-nous/documentaires-meres-exil-comment-migrantes-concilient-exil-maternite-2010671.html

Article du 20 octobre 2021

Les effets en cascade d’une mauvaise compréhension de l’anglais pour les migrants au Royaume-Uni

Si nous nous concentrons maintenant sur l’article de la semaine dernière et examinons la situation des femmes migrantes au Royaume-Uni, nous pouvons néanmoins constater de nombreuses similitudes (entre le Royaume-Uni, l’Irlande et le reste de l’UE). Une fois encore, nous constatons que le statut des femmes migrantes est négligé par des politiques plus larges qui choisissent plutôt de se concentrer sur les migrants en général. Ce facteur n’est que plus évident pour les femmes réfugiées, qui tendent elles-mêmes à être dans une position plus vulnérable pour des raisons évidentes. En outre, en raison de la politique britannique de “dispersion obligatoire”, même les femmes réfugiées qui ont réussi à prendre pied dans l’accès au travail, à l’éducation ou aux soins de santé voient régulièrement leurs progrès interrompus. Cette situation affecte gravement les femmes réfugiées en particulier et rend leur intégration et le soutien dont elles ont besoin encore plus difficiles.

En ce qui concerne l’emploi, un aspect commun de la condition de femme migrante au Royaume-Uni est que ce groupe a des emplois moins bien payés, moins stables et de moins bonne qualité (ce qui peut impliquer plusieurs facteurs, tels que peu d’heures, un salaire irrégulier, des conditions de travail dangereuses ou insalubres, etc.). L’Observatoire des migrations, une ressource très utile pour ce projet, identifie un obstacle important pour ce groupe de personnes : les femmes migrantes peuvent avoir de nombreuses compétences transférables, mais sont beaucoup plus susceptibles que les hommes de ne pas avoir vu ces compétences officiellement reconnues. La “seconde journée” à laquelle sont confrontées les femmes qui travaillent et qui ont une famille est, bien sûr, un exemple majeur de cette aptitude au travail qui n’est pas reconnue. Mais les femmes réfugiées sont également plus susceptibles d’avoir eu un accès limité à l’éducation dans leur vie antérieure, ce qui fait que d’autres compétences ne sont pas reconnues. Lorsqu’il s’agit d’employeurs potentiels et de politiques concernant ces femmes, leurs capacités existantes devraient être davantage prises en considération.

La barrière de la langue réapparaît aujourd’hui, avec des liens directs entre la maîtrise de l’anglais et le revenu des ménages, ce qui affecte davantage les niveaux d’accès à des soins de santé adéquats, à la garde d’enfants, à l’éducation et à l’emploi. Si la langue en elle-même ne semble pas être un obstacle intrinsèque, une faible compréhension de l’anglais ne fait qu’exacerber les nombreux problèmes indiqués précédemment. En définitive, la communication est un élément essentiel pour répondre efficacement aux besoins des migrants ; l’apprentissage de la langue est crucial, dans tous les aspects de la vie, pour l’intégration des migrants, et en particulier des femmes migrantes.

Références: 

https://migrationobservatory.ox.ac.uk/resources/briefings/english-language-use-and-proficiency-of-migrantsin-the-uk/

https://evidence.nihr.ac.uk/alert/enhanced-communication-and-staff-training-could-improve-the-experienceof-maternity-services-for-asylum-seeking-women/ https://ec.europa.eu/migrant-integration/feature/integration-of-migrant-women

Article du 20 octobre 2021

L’intersection des obstacles auxquels sont confrontées les femmes réfugiées

L’étude des barrières auxquelles les femmes concernées par ce projet sont confrontées révèle de nombreux obstacles, certains plus évidents que d’autres. Certains d’entre eux sont fondés sur le sexe, d’autres sur la race, mais il est important de souligner continuellement l’intersection des problèmes auxquels sont confrontées les femmes migrantes dans leur ensemble, et les femmes réfugiées souvent à un degré plus élevé, notamment parce que elles ont tendance à être dans une position plus vulnérable. En fin de compte, c’est de cela qu’il s’agit : de la vulnérabilité.

Un rapport, portant spécifiquement sur les obstacles auxquels sont confrontées les femmes migrantes en Irlande, a conclu que la triade d’obstacles la plus importante (et elle arrive largement en tête) est la barrière de la langue, l’octroi limité de permis de travail par le pays d’accueil et les coûts élevés liés à la garde des enfants. Ces facteurs ont tendance à toucher davantage les femmes que les hommes, pour diverses raisons.

Alors que les demandes de permis de travail (carte bleue) des migrants en Irlande sont généralement traitées assez lentement (avec des temps d’attente dépassant parfois un an), les femmes migrantes et réfugiées sont plus touchées par cette question que les hommes en raison des politiques irlandaises de regroupement familial. Ces politiques de regroupement, tout en donnant l’élan nécessaire pour accueillir les familles séparées (potentiellement, comme dans le cas de nombreux réfugiés) en raison d’une catastrophe, ne tiennent pas compte des caractéristiques d’employabilité des personnes admises. Il s’agit d’un problème grave, en particulier pour les femmes, en raison de la répartition disproportionnée des sexes dans la politique qui a un impact sur cette intersection.

Le même rapport fait état de frais de garde d’enfants exorbitants – d’autant plus lourds lorsqu’ils sont combinés à des systèmes d’allocations stricts qui servent à couper le financement des demandeurs dès qu’ils commencent à travailler. Cette situation décourage beaucoup de personnes à entrer sur le marché du travail, afin de maintenir un revenu suffisamment sûr pour la garde des enfants. Une fois de plus, il s’agit d’un problème qui touche particulièrement les femmes.

La barrière de la langue, un point important de ce projet, peut se manifester sous plusieurs formes. En outre, cette barrière est étroitement liée aux barrières culturelles, en ce qui concerne la sensibilisation des migrants aux lois locales sur l’emploi. Comme le souligne un rapport d’enquête sur l’exploitation grave du travail des femmes migrantes, ces obstacles se conjuguent pour créer des conditions de travail illégales, qu’il s’agisse d’une rémunération limitée, de conditions de travail inadéquates, d’horaires épuisants, et la liste est longue… De toute évidence, ce groupe de personnes est confronté à des défis sans précédent pour beaucoup d’entre nous, ce qui se reflète dans leur taux relativement élevé de chômage.

Pour aider ce groupe, il faudra tenir compte des divers aspects de l’expérience des femmes réfugiées et leur fournir un soutien complet à ces fins.

Références:
https://www.newcommunities.ie/assets/files/pdf/162202995215370681.pdf
https://www.oecd.org/els/soc/Faces-of-Joblessness-in-Ireland.pdf
https://ec.europa.eu/migrant-integration/feature/integration-of-migrant-women
https://fra.europa.eu/sites/default/files/fra_uploads/severe-labour-exploitation-country_ie.pdf

Article du 11 octobre 2021

La majorité des migrants qui vivent au Royaume-Uni ont déclaré utiliser l’anglais comme première langue.  Or, ce n’est cependant pas vrai pour tous les migrants. Les recherches menées par l’Observatoire des migrations montrent que les migrants qui utilisent l’anglais comme première langue sont plus susceptibles d’avoir un emploi et d’avoir des revenus plus élevés. Cela crée beaucoup de pression pour les migrants adultes qui s’installent au Royaume-Uni, car ne pas apprendre l’anglais ou avoir du mal à apprendre l’anglais rendra leurs opportunités très limitées.

Au Royaume-Uni, dans les cours ESOL (English for Speakers of Other Languages – cours d’anglais pour non anglophones – ndlr) que nous offrons, entre les années 2010-2011 et 2017-2018, il y a eu une diminution du nombre de participants. Cela peut être dû à un manque de cours appropriés, mais aussi à un manque de financement et à de longues listes d’attente. Bien qu’il n’y ait pas de budgets spécifiques pour les cours pour les personnes apprenant l’anglais comme seconde langue, il existe un critère pour savoir qui peut recevoir du financement. Par conséquent, les personnes qui n’ont pas droit au financement peuvent avoir de la difficulté à accéder à l’un de ces cours.

Les opportunités appropriées devraient être rendues accessibles à tous, quel que soit leur milieu. Les statistiques montrent que les personnes ayant une meilleure compréhension de la langue anglaise ont plus de chances d’avoir un emploi et un salaire plus élevé, mais cette problématique ne devrait pas exister.  L’attente du Royaume-Uni à ce que les migrants apprennent l’anglais indépendamment de leurs antécédents et de leurs expériences est tout simplement irréaliste. Nous devons être plus attentifs à ce que cela peut signifier pour eux et bien que la majorité des migrants puissent être prêts à apprendre l’anglais, l’accessibilité à ces cours et à ces financements être un réel frein.

English language use and proficiency of migrants in the UK – Migration Observatory – The Migration  Observatory (ox.ac.uk)

We need to be careful about demanding migrants speak English | Rosie Driffill | The Guardian

Article du 1 octobre 2021

Une enquête récente menée par l’Observatoire des migrations a montré que les personnes qui émigrent pour des raisons liées à la demande d’asile sont plus susceptibles d’être au chômage que les personnes qui émigrent pour des raisons concernant la famille, l’éducation ou l’emploi. Cela est particulièrement vrai pour les femmes demandeuses d’asile.

Les recherches menées par l’observatoire montrent clairement qu’il y a une sur et une sous-représentation des migrants dans certaines professions. La majorité des migrants non ressortissants de l’UE qui ont un emploi semblent travailler dans des secteurs tels que la santé, l’éducation, les soins de santé, l’agriculture, l’environnement, les services sociaux, les services de santé et les services sociaux. De leur côté, La majorité des migrants non européens employés semblent travailler dans des professions telles que les nettoyeurs et les aides, les travailleurs des soins personnels, le commerce de détail, etc.

Ces emplois sont considérés comme des emplois “peu qualifiés”, alors qu’ils sont très peu représentés dans des professions telles que l’enseignement, l’entrepreneuriat et l’administration, les emplois de bureau, etc, qui sont considérés comme des emplois “hautement qualifiés”. Cette représentation erronée est particulièrement vraie pour les femmes migrantes.

Les statistiques montrent que, par rapport aux femmes nées au Royaume-Uni, les femmes immigrées et, plus particulièrement, les femmes demandeuses d’asile, sont moins susceptibles d’avoir un emploi.

Cette situation peut être due à leur niveau de compréhension de la langue anglaise. Les gens sont plus susceptibles d’être employés par des entreprises britanniques s’ils ont l’anglais comme première langue. 

Pour certains de ces migrants, l’anglais n’est peut-être même pas une langue qu’ils connaissent et, de ce fait, ils ne pourront pas accéder aux mêmes opportunités que les autres migrants ou citoyens. En outre, le pourcentage de réfugiés ayant des qualifications transférables est faible. Cela signifie qu’ils peuvent ne pas répondre aux exigences pour travailler dans des emplois “hautement qualifiés” tels que l’enseignement.

Cette situation évolue progressivement au fil des ans. De plus en plus de personnes et d’entreprises font un effort pour être plus inclusives. En outre, ils essaient d’offrir des possibilités d’aider les communautés de migrants à s’épanouir et à s’intégrer dans leur société d’accueil en proposant des stages et des écoles de langues et en leur donnant accès à la possibilité d’apprendre l’anglais et d’augmenter leurs chances de réussite.

Références 

Migrants in the UK Labour Market: An Overview – Migration Observatory – The Migration
Observatory (ox.ac.uk)

https://migrationobservatory.ox.ac.uk/resources/briefings/english-language-use-and-proficiency-ofmigrants-in-the-uk
https://www.open.edu/openlearn/languages/more-languages/linguistics/what-makes-it-hardmigrants-learn-the-language-their-new-home

Article du 11 Juin 2021

La migration internationale des femmes, avec leur famille ou seules, est un phénomène de plus en plus important et complexe, mais il reste sous-documenté en raison du manque de données. De nouvelles données de l’ILO – International Labour Organization (Organisation internationale du travail) offrent un aperçu du profil des femmes qui cherchent un emploi et de meilleures opportunités à l’étranger.

En 2017, les femmes représentaient 42 % des 164 millions de travailleurs migrants dans le monde. Les données d’ILOSTAT montrent que la part des femmes dans la population migrante en âge de travailler a augmenté au cours de la dernière décennie dans 24 des 63 pays pour lesquels des séries chronologiques sont disponibles.

La proportion de femmes migrantes en âge de travailler ayant une formation avancée (tertiaire et supérieure) a augmenté entre 2009 et 2019 dans 25 des 40 pays pour lesquels des données sont disponibles. Cette tendance a été observée dans de nombreux pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) depuis les années 2000.

Si les femmes ont souvent un ratio emploi/population inférieur à celui des hommes en général, l’écart entre les sexes en matière d’emploi tend à être plus important chez les migrants. Dans l’ensemble, les femmes migrantes sont moins susceptibles d’avoir un emploi que les hommes migrants, avec des ratios emploi/population moyens respectifs de 75 % et 85 %.

Les femmes migrantes sont également désavantagées en termes de qualité des emplois qu’elles obtiennent. Dans une grande majorité de pays, elles sont plus susceptibles de travailler dans des professions élémentaires que les hommes. Par exemple, en France, 24 % des travailleuses migrantes étaient employées comme nettoyeuses ou aides en 2016.

Pour plus d’informations, veuillez consulter l’étude complète de l’ILO:

Estimations mondiales de l’ILO sur les travailleurs migrants internationaux”, 2018, Service des migrations de main-d’œuvre et Département des statistiques de l’ILO.

https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—dgreports/—dcomm/—publ/documents/publication/wcms_652001.pdf